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De l’agriculture productiviste à l’agriculture durable : questions à l’économie

Pour appréhender les conditions de mise en oeuvre éventuelle de l’agriculture durable au sein d’un développement soutenable, il est nécessaire de dépasser les approches en termes de changement de techniques au sein des exploitations pour raisonner, à l’aide notamment des concepts régulationnistes, sur les modalités sectorielles et surtout intersectorielles de régulation que suppose un tel développement, radicalement opposé au modèle actuel. Ni la crise de ce modèle, qui n’atteint pas les IAA et la grande distribution, ni le développement des échanges internationaux, ne permettent d’envisager, dans les conditions actuelles, la mise en place d’un nouveau modèle, malgré les évolutions positives des dernières années.

Introduction
Cette communication souhaite contribuer à la formulation, pour le cas français, des diverses questions d’ordre économique posées par l’éventuelle transition entre un modèle de développement agricole dit "productiviste" et un modèle d’agriculture plus favorable à l’environnement dit "d’agriculture durable". Si de nombreux travaux ont cerné, d’une part les caractéristiques du modèle productiviste et sa crise actuelle (en particulier : ALLAIRE et BOYER, dir., 1995), d’autre part l’avantage environnemental et les conditions de mise en place de techniques de production moins agressives que l’agriculture actuelle, les conditions de l’équilibre économique des unités de production utilisant à grande échelle ces techniques (agriculture écologique, ...), comme, surtout, les conditions sectorielles et macro-économiques et macro-sociales de la mise en place d’un nouveau modèle, restent largement à aborder à la suite de quelques travaux récents (en particulier : BONNY, 1997 ; LANDAIS 1998 ; LACROIX et al., 1998).

Dans cet objectif, cette communication prend appui sur une revue de la littérature théorique et analytique ainsi que sur différents travaux récents ou en cours à l’ISARA. Elle repose sur les concepts régulationnistes de "modèle de développement" et "de crise structurelle", sur la caractérisation de "l’agriculture du fordisme" (ALLAIRE, 1995), sur les bases de l’économie de l’environnement et le concept "d’agriculture durable". Mais il est clair que l’usage de tous ces outils disparates ne peut permettre de tout résoudre. Parmi les difficultés, le statut de l’économie, science sociale non unifiée, n’est pas des moindres. Mais certains outils et concepts existent, qui à l’aide d’autres à forger, doivent permettre de progresser dans cette analyse de la transition. Il s’agit d’articuler, dans leur complexité souvent contradictoire du point de vue des intérêts en jeu, les faits techniques et sociaux, du niveau de l’unité de production à celui des échanges mondiaux. "L’agriculture durable", souvent proposée comme concept globalisant et comme règle de décision, ne doit pas faire oublier cette complexité et ces difficultés. Faute de quoi, les travers de l’idéalisme seront à l’oeuvre.

Sur ces bases, la démarche consiste, par comparaison des caractéristiques et des conditions du modèle productiviste et de celles de l’agriculture durable et par analyse des diverses évolutions actuelles en réponse à la crise du modèle productiviste, à vérifier si les conditions de mise en place progressive de ce nouveau modèle sont réunies. Il s’agit donc d’analyse des tendances de la période actuelle, marquée en particulier, aux plans agricole et agro-alimentaire, par le passage d’une PAC à une autre dans le contexte des accords du GATT, par l’élaboration de la loi d’orientation agricole, par l’hégémonie de la grande distribution et par les tendances du système alimentaire à diversifier son offre (produits de qualité, ...).

Même ainsi limitée, l’ambition de cette contribution reste forte. Comme l’indique Joan ROBINSON, cité par BROYER (1992) : "en général ce fut le destin de la théorie économique que de livrer une course perdue d’avance avec le cours de l’histoire et de ne jamais avoir achevé l’analyse d’une phase économique avant qu’une autre lui succède".

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