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Agriculture paysanne et coà »t de production

Résumé : Comment évaluer les contributions réelles des exploitations à la multifonctionnalité et à la durabilité et comment ces contributions modifient les résultats économiques ? Il est possible de construire un outil fiable pour une telle évaluation mais sans doute non opérationnel à grande échelle. Il faut aussi préciser les concepts de durabilité et de multifonctionnalité ainsi que les conditions de leur effectivité.

COMMUNICATION AU COLLOQUE DE LA SFER : LES SYSTEMES DE PRODUCTION AGRICOLE : PERFORMANCES, EVOLUTIONS, PERSPECTIVES
18 et 19 novembre 2004 ; LILLE

INTRODUCTION
Les changements dans les conditions d’évolution de l’agriculture entraînés par les récentes réformes de la PAC, par les accords internationaux et par les demandes sociales, exigent sans doute de définir de nouveaux concepts et de nouvelles méthodes. Mais il est également très important de préciser le contenu de certaines notions fort utilisées, notamment dans le champ institutionnel et, par voie de conséquence, dans le champ scientifique. Durabilité et multifonctionnalité sont de celles là . Il faut les préciser mais aussi les situer dans une approche en termes de modèle de développement, c’est à dire de finalité et de modalités d’organisation des conditions techniques, économiques et institutionnelles.

Le travail à la base de cette communication s’inscrit dans un programme régional et pluriannuel de travail de la Confédération Paysanne Rhà´ne-Alpes et de l’Association Régionale pour le Développement de l’Emploi Agricole et Rural (ARDEAR) sur les démarches d’agriculture paysanne engagées par beaucoup d’agriculteurs en Rhà´ne-Alpes. Ce programme de recherche-action, suivi par un comité scientifique, vise à caractériser les démarches d’agriculture paysanne (voir encadré) en vue de mieux les comprendre, de les promouvoir et d’appuyer, sur des résultats objectifs, les revendications qui en découlent.

La charte de l’agriculture paysanne, a été élaborée sur la base d’expériences et d’échanges au sein de groupes locaux, tels ceux de Rhà´ne-Alpes. Par exemple en Isère, la Confédération paysanne a rédigé en 1996, un répertoire de 10 expériences de fermes en démarche d’agriculture paysanne afin de promouvoir des systèmes de production compétitifs et performants en matière d’environnement et d’emploi. Cette expérience a conduit l’ARDEAR à étendre ce type de travail à toute la région sous la forme d’un programme quadriennal comprenant trois volets :
- Elaboration d’un référentiel régional d’exploitations en démarche d’agriculture paysanne (ARDEAR, 2004),
- une étude, en Isère, des impacts des pratiques d’agriculture paysanne sur l’emploi et l’environnement (Coineau, Laboureur, 2002),
- une étude spécifique sur agriculture paysanne et les coà »ts de production (Braye, 2003).
Ce dernier travail sur les coà »ts de production, plus encore que les autres, repose sur une forte motivation syndicale. Après avoir montré que les systèmes de production en agriculture paysanne étaient variés tant en taille qu’en mode de commercialisation même si les exploitations en AB et diversifiées sont en proportions plus élevées que pour l’ensemble des exploitations »professionnelles, cette étude sur les coà »ts propose alors de prendre en compte non pas uniquement les coà »ts micro-économiques, éventuellement plus élevés du fait des moindres tailles et de moindre spécialisation, mais aussi un bilan coà »t/avantages collectifs, à savoir avantages environnementaux, sociaux, budgétaires afin de réfléchir à une politique agricole plus juste et plus efficace.
Une telle approche des coà »ts soulève de nombreux problèmes de définitions et de méthode que le travail réalisé en 2003 a entrepris de résoudre sur un nombre restreint d’exploitations (5). Il a en particulier fallu, concrétiser davantage le concept d’agriculture paysanne et préciser ses liens avec la notion de multifonctionnalité utilisée dans le cadre des politiques publiques.
Les réponses et les nouvelles questions apportées par le travail de 2003 ont servi de base aux travaux en cours depuis le début de 2004, conduits par l’Institut de l’élevage de Lyon, l’UMR ESR de l’ENESAD, l’ARDEAR. Les enquêtes approfondies auprès de 44 exploitations permettent d’améliorer l’outil de diagnostic en vue de préciser les performances économiques, environnementales et sociales des exploitations et les relations très variables de ces performances entre elles. Ces dernières avancées soulèvent d’autres points de méthode concernant notamment l’approche statistique et les fondements de préconisations.
Au stade actuel des travaux menés par l’ARDEAR seule et depuis cette année en partenariat, cette contribution vise deux objectifs dans le cadre de la problématique de ce colloque :

• Tirer, en première partie, le bilan méthodologique des travaux 2003 autour de la question : comment apprécier l’ensemble des performances et des conséquences externes des systèmes de production, notamment à partir du projet de l’agriculture paysanne. Ces résultats et ceux des travaux en cours (Pandrot, Polmart, 2004) tendent à montrer qu’il est possible de construire un outil précis de mesure mais qu’il est impossible d’utiliser cet outil sur un très grand nombre d’exploitations.
• Préciser, en seconde partie, les notions de multifonctionnalité et de durabilité et les relier à d’autres conditions de développement. En effet, ces travaux ont montré la nécessité de clarifier ces notions et les conditions de leur mise en œuvre.

Ainsi, cette communication vise à fournir quelques éléments de réponse aux questions posées par ce colloque autour des points suivants : quels concepts utiliser, quelles méthodes de mesure élaborer ? Mais, au stade actuel, certains points sont à considérer comme provisoires, faute d’approfondissements sur les deux terrains théorique et pratique.

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